Le marché du bâtiment 2023 2024: Sommes-nous à l’aube d’une catastrophe  ?

Auteur « Marché du bâtiment et maison individuelle 2023 2024 » Frédéric LHOMME

Le marché de la construction et de l’immobilier connaît actuellement des turbulences majeures, avec des implications économiques profondes. Parmi les secteurs les plus touchés, celui de la maison individuelle qui est en chute libre, enregistrant une baisse de plus de 40 %, tandis que les constructions de maisons en bois subissent également un déclin de plus de 50 %. Cette crise affecte de manière inégale l’ensemble des constructeurs et architectes. Certains ont -80% de commandes d’autres -20 % mais dans l’ensemble c’est une baisse significative. C’est vrai que les carnets de commandes sont encore bien chargés pour 4 à 10 mois, mais toutes les affaires qui ne se font pas aujourd’hui seront perdues à tout jamais…Forcément à un moment ça va « bloquer »…

Même les agences immobilières subissent de plein fouet l’inflation et les taux d’intérêt des banques qui explosent. D’après certains bruits de couloir, 50% d’entre elles pourraient fermer leurs portes d’ici juin 2024.

Les raisons de cette dégringolade sont multiples et variées :

La maison individuelle : Une chute spectaculaire

La maison individuelle, symbole du rêve immobilier pour de nombreux Français, est aujourd’hui confrontée à une crise sans précédent. Depuis quelques mois, le nombre de nouvelles constructions a chuté de manière drastique, avec une baisse de plus de 40 %. Cette tendance inquiétante est le résultat d’une conjonction de facteurs, notamment une réglementation plus stricte (RE2020) qui fait que les coûts de construction sont en constante augmentation, des taux d’intérêts bancaires qui explosent provoquant pour la plupart des dossiers  la mention « refus de crédit ». Et enfin les ménages les plus modestes qui subissent l’inflation en plein figure ne sont plus les seuls, les ménages aisés sont aussi impactés.

Le bois, une alternative qui résiste mais pour combien de temps ?

Bien que le marché global de la construction de maison individuelle soit en difficulté, l’industrie de la construction des bâtiments en bois semble mieux résister à la crise. La popularité croissante des bâtiments en bois, perçues comme plus écologiques et durables, a permis à ce secteur de maintenir une certaine stabilité. Cependant, même dans ce domaine, des nuages sombres se profilent à l’horizon.

L’obstacle des factures énergétiques et des retards pour les programmes en marché public.

Les promoteurs immobiliers qui se sont tournés vers des programmes de construction en bois ont été confrontés à des défis différents. Certaines communes ont repoussé des projets en raison de factures énergétiques jugées trop élevées pour leur budget déjà serré. Cette réticence à approuver de nouveaux projets a entraîné des retards administratifs et un calendrier de construction de plus en plus incertain. Dans l’ensemble ces programmes ne sont pas abandonnés, mais sont repoussés d’un an, deux voire trois ans. Les promoteurs pourront-ils conserver leur personnel, ce n’est pas certain. Leurs fournisseurs, par un effet domino, subiront aussi ces décalages.

Les taux d’intérêt bancaires : Une pression supplémentaire

Les taux d’intérêt pratiqués par les banques sont un autre élément qui pèse lourdement sur le secteur du bâtiment. Pour certaines, ces taux ont dépassé les 4,5 %, contre 1% il y a quelques mois, ce qui a considérablement augmenté le coût de l’emprunt et rendu les projets de construction plus coûteux et donc moins accessible. On ne parle même pas des primo-accédants qui ont complétement disparu du marché. Des personnes qui hier pouvaient emprunter 250 000 € ne peuvent emprunter aujourd’hui que 200 000 €. On ne parle même pas de ceux qui n’ont pas d’apport, c’est encore plus compliqué pour eux.

A l’inverse le marché de l’agrandissement en bois (Extension, surélévation) devient donc une alternative à la construction d’une maison neuve en bois. Les constructeurs bois vont devoir s’adapter s’ils veulent ne pas être laissés sur le bord de la route.

Le danger des PGE à rembourser et les décalages des cotisations de l’Urssaf.

Enfin, il ne faut pas oublier la dette accumulée pendant la pandémie. Les Prêts Garantis par l’État (PGE) ont été une bouée de sauvetage pour de nombreuses entreprises du secteur, mais ils doivent maintenant être remboursés. Cette situation financière précaire pourrait pousser de nombreuses sociétés à déposer le bilan si des mesures ne sont pas prises rapidement pour soutenir le marché du bâtiment. Et bien entendu l’Urssaf, qui elle aussi en décalant les cotisations a provoqué sans le vouloir des trous énormes dans les trésoreries. Les entreprises qui été malades avant la Covid vont mourir et celles qui étaient en bonne santé vont devenir malades…

L’appel à l’action : Une catastrophe en vue ?

Si des mesures drastiques ne sont pas prises rapidement, le secteur du bâtiment en France sera confronté à une véritable catastrophe économique. Le déclin de la construction de maisons individuelles, les problèmes rencontrés dans le secteur de la construction en bois, la pression croissante des taux d’intérêt bancaires, et le fardeau des PGE à rembourser font peser une lourde menace sur de nombreuses entreprises. Il est impératif que le gouvernement agisse rapidement pour soutenir le secteur du bâtiment et atténuer les conséquences de cette crise.

En fin de compte, la survie de nombreuses entreprises du secteur du bâtiment dépendra de la capacité du gouvernement à mettre en place des mesures de soutien et à créer un environnement propice à la relance économique dans ce domaine vital pour l’économie française.

Le président de la Fédération Française du Bâtiment a même annoncé le 13 septembre 2023 que 150 000 emplois seraient menacés d’ici 2025.

Inscription à la newsletter cliquez ici

Article sur : Marché du bâtiment et maison individuelle 2023 2024