Le projet Mizu (eau en japonais) trouve son origine dans l’architecture japonaise des maisons de thé. Situé près de Rennes, ce petit espace est destiné à être un lieu de travail. Sa conception a été guidée par la recherche de sobriété à tous les niveaux : surface utile réduite, matériaux bio-sourcés, consommations énergétiques réduites à leur plus simple expression.
Mizu revient aux principes de l’habitat minimal développés par Le Corbusier dans la première partie du XXe siècle. Le défi technique consiste à atteindre les performances du passif à l’échelle d’une surface de moins de 12 m2. Un objectif atteint puisqu’après des mois de travail, en conception et réalisation du projet, le label bâtiment passif / PASSIV HAUS vient d’être délivré au projet. Répondant aux exigences de standard exigeant, la construction à ossature bois profite de la lumière naturelle et des apports solaires grâce de larges ouvertures au sud. Très bien isolé avec de la fibre de bois et de la ouate de cellulose, parfaitement étanche à l’air, le projet ne comporte aucune source de chauffage. Hormis à certaines heures de la journée, une bouilloire en fonte pour la préparation du thé… Ses consommations énergétiques se résument aux besoins d’électricité de l’éclairage, la ventilation double flux et l’alimentation du matériel de bureautique. Le dossier de labellisation passivhaus a validé à un besoin 10 kWh/m2/an alors que la valeur limite est de 15 kWh/m2/an.
Le projet Mizu est conduit par le bureau d’études Hinoki, spécialisé depuis 2009 dans la construction passive. Thomas Primault, ingénieur thermicien, possède à son actif plus de 50 références, de la maison individuelle au tertiaire. Cette réalisation rassemble de nombreux partenaires du monde la construction tels que Abibois, le réseau des professionnels du bois en Bretagne, La maison passive France, Pavatex, Panaget, Pro clima, etc.
Trois questions à Thomas Primault, maître d’ouvrage et concepteur du projet Mizu
Pourquoi vous êtes-vous lancé dans ce projet ?
« J’ai monté mon bureau d’études en 2009, et j’ai commencé à travailler chez moi, après 5 années où l’activité a connu une forte croissance. Aussi, il me fallait un nouveau bureau, plus adapté. Par choix, j’ai toujours voulu travailler à proximité de mon domicile pour préserver la vie familiale et limiter les transports. Mon activité étant centrée sur les bâtiments passifs, ce bureau devait tout naturellement répondre au standard Passivhaus.
Pour la taille du projet, j’ai été limité par l’implantation au sol possible et la cohérence avec le reste du bâtiment. Il y a un engagement réel derrière tout cela : montrer qu’un bâtiment exemplaire au niveau écologique est avant tout un petit bâtiment (faible empreinte, peu de consommation de matériaux et d’énergie, moins d’artificialisation des sols…)
Ce critère est malheureusement trop souvent oublié. Mon travail au quotidien avec des architectes m’a fait prendre conscience de l’importance des espaces. L’optimisation des plans, du mobilier intégré, la réflexion sur les usages en amont, rendent ce petit espace très confortable et spacieux finalement. »
Quel est son objectif ? Où est le défi technique ?
« L’objectif était multiple. Tout d’abord pouvoir montrer à mes clients ce type de bâtiment lorsqu’ils viennent en rendez-vous. Ensuite, bénéficier du niveau de confort inégalé d’un bâtiment passif. Enfin, troisième point important : faire de ce projet un emblème de ce qui se fait de mieux aujourd’hui en termes de matériaux et de performances. Plus un bâtiment est petit, plus il est difficile de le rendre performant, car les surfaces en contact avec l’extérieur sont proportionnellement beaucoup plus importantes. L’objectif était donc de démontrer d’un savoir-faire autour d’un projet atypique. »
Pourquoi avoir choisi de travailler autour de la démarche Passivhaus ?
« Le label Passivhaus est aujourd’hui ce qui se fait de mieux en termes de performances parce qu’il permet de s’affranchir d’un système de chauffage ! Et de fait, d’énergie fossile ou nucléaire. Aucun autre label ne peut garantir ce niveau. De plus, la certification n’est pas facile à obtenir et nécessite un travail poussé. A l’échelle d’un bâtiment de cette taille, c’était un vrai défi ! »