Investir en forêt, c’est rentable

19 Juin 2018

Le bois, personne n’en doute, est un matériau d’avenir. Or, la forêt française fait preuve actuellement d’une faible productivité par rapport à sa surface, et bénéficie d’investissements qui sont parmi les plus faibles d’Europe. Depuis la fin des années 1990, le nombre de plantations en France, nécessaires au renouvellement de la forêt, a chuté de presque 50 % en 25 ans (environ 76 millions de plants annuels aujourd’hui contre 130 millions de plants en 1990). Ce désengagement correspond à la suppression, en 1997, du fonds forestier national qui subventionnait environ 40 % à 50 % des plantations forestières et à la conjonction de différents éléments peu propices à inciter les propriétaires forestiers à investir dans leurs parcelles : trois tempêtes « du siècle » en dix ans (Lothar et Martin en décembre 1999 et Klaus en janvier 2009), des périodes de sécheresse importantes dont l’impact est déjà bien visible sur les arbres et la prolifération du gibier qui détruit les jeunes plantations.

Un rendement sûr

Pour le propriétaire, le rendement d’une forêt n’est pas aussi immédiat que dans certains autres secteurs d’activité. Néanmoins, il s’agit d’une valeur bien concrète, durable, qui n’a rien de virtuel et devient de plus en plus stratégique. Le prix des forêts a fortement augmenté ces dernières années et les transactions sont peu nombreuses, notamment en ce qui concerne les petites superficies très prisées pour la chasse ou la récolte de bois de chauffage. Toutefois, la valeur d’une surface forestière varie selon les essences, l’âge des peuplements, sa densité, le lieu de son implantation, son accessibilité, les travaux de sylvicultures effectués ou encore sa taille.

La Safer enregistre une hausse de 2,1 % du prix des forêts en 2016. Ainsi, le prix moyen d’un hectare de forêt atteint 4 100 euros contre 2 180 euros 20 ans plus tôt. Le prix progresse dans presque toutes les régions. Cette hausse intervient dans un contexte de marché étroit, avec seulement 1,2 % des surfaces forestières privées vendues en 2016. De plus, 90 % des transactions se réalisent entre 670 à 12 040 euros/hectare, reflétant la grande diversité des biens mis sur le marché.

Si le rendement brut de la forêt, représenté par le bois lui-même ne dépasse guère 1,5 % par an selon les spécialistes, une forêt gérée et exploitée peut rapporter entre 3 à 5 % par an. Selon la Safer, le rendement moyen annuel au cours des 15 dernières années était de 5 %.

Une source de revenus

Investir dans sa forêt, avec l’appui de professionnels, est le meilleur moyen de valoriser son patrimoine et de le transmettre dans les meilleures conditions aux générations futures. Une forêt gérée est aussi source de revenus.

La commercialisation du bois de la forêt constitue un apport non négligeable. En hausse de 3 % par rapport à l’année passée,l’indice général du prix de vente des bois sur pied en forêt privée s’affiche en 2017 à 58 euros/m3. Cette évolution traduit bien l’intérêt d’investir dans la forêt dès lors qu’une gestion, en lien avec les besoins de la filière de transformation du bois, est mise en oeuvre. Selon l’observatoire économique de France Bois Forêt, la reprise du secteur de la construction dynamise les transactions, compte tenu des volumes qui lui sont destinés : 50 % de la 2ème transformation.

La récolte de bois n’est pas incompatible avec la pratique de la chasse. D’ailleurs, 1 propriétaire forestier sur 3 considère sa forêt comme un territoire de chasse. S’il n’est pas chasseur lui-même, le propriétaire forestier peut faire valoir ses droits de chasse et bénéficier d’une rémunération annuelle.

Un patrimoine forestier à valoriser

La forêt française appartient pour ses 3/4 à des propriétaires privés, soit environ 12,5 millions d’hectares. Le quart restant est représenté par la forêt publique (domaniales, communales…).
D’après le cadastre, environ 380 000 propriétaires ayant au moins 4 hectares (particuliers, groupements forestiers, sociétés) possèdent plus de 76 % de la surface forestière et représentent la quasi-totalité de la commercialisation du bois à des professionnels. Près de 3 millions de propriétaires détiennent les 24 % restant, ce qui constitue un important morcellement.
Plus les surfaces sont petites, moins l’investissement forestier est perçu par le propriétaire comme rentable. Par ailleurs, le petit propriétaire forestier n’est pas toujours conscient de la valeur de son patrimoine. Certains ont hérité d’une parcelle de forêt, sans bien savoir quoi en faire, d’autres s’y intéressent uniquement pour des activités de chasse ou de récolte de bois de chauffage. On constate que le bois résineux représente plus de la moitié de la récolte pour seulement 20% des surfaces. Au final, la récolte de bois n’atteint que 60 % de la croissance naturelle annuelle de la forêt.

 

Lors d’Euroforest, le salon forêt-bois en pleine nature, qui se tiendra du 21 au 23 juin 2018 à Saint-Bonnet-de-Joux en Bourgogne-Franche-Comté, les passionnés de la forêt – propriétaires forestiers, agriculteurs, retraités, particuliers – pourront rencontrer les organisations professionnelles, investisseurs, assureurs et créateurs de techniques et matériels innovants. L’occasion d’obtenir des réponses sur les opportunités d’investir en forêt et de valoriser son patrimoine forestier à travers des innovations qui permettent de gagner en qualité, en productivité et d’assurer la pérennité de la forêt française.

www.euroforest.fr

Une fiscalité attractive

Un dispositif d’encouragement fiscal à l’investissement en forêt rend l’acquisition, l’exploitation et la gestion attractives. Dans le cadre du programme national de la forêt et du bois, cette mesure a pour objectif de valoriser les forêts de millions de propriétaires forestiers jusqu’alors délaissées, de mobiliser plus d ebois dans des conditions de gestion durable et permet de sécuriser l’approvisionnement de la filière (scieries, papeteries, industries et chaufferies). Depuis fin décembre 2017, la défiscalisation des travaux forestiers (DEFI Travaux) a été élargie à tous les propriétaires, y compris ceux de moins de 4 hectares, ce qui n’était pas le cas auparavant. Ces derniers peuvent désormais accéder à un crédit d’impôt de 18 % du montant de leurs travaux, bonifié à 25 %, via une organisation de producteurs (groupements d’intérêt économique, coopératives forestières…).

Des placements innovants et citoyens

Au sein de la filière forêt-bois, une multitude de solutions au niveau départemental, régional et national sont proposées. Pour inciter entreprises et particuliers à participer à la relance du reboisement en France et encourager une gestion durable de la forêt, le fonds de dotation « Plantons pour l’avenir » a été mis en place. Créé en 2014, à l’initiative des coopératives forestières, il invite ceux qui le souhaitent à devenir mécène de la forêt, avec des crédits d’impôt à la clé. En 3 ans, « Plantons pour l’avenir » a récolté 1,6 million d’euros de dons, soutenu 115 projets de reboisement, planté près de 800 000 arbres représentant 637 hectares reboisés, grâce au soutien de plus de 62 entreprises mécènes et 186 particuliers. L’objectif 2025 est de 10 millions d’euros de dons récoltés, soit 8 000 hectares replantés et 10 millions de plants mis en terre.

L’Appel à Manifestation d’Intérêt Dynamic Bois de l’Ademe, qui vise à mobiliser plus de bois et à améliorer les peuplements forestiers, valorise chaque année des projets territoriaux innovants et opérationnels. Ils sont financés par le fonds chaleur de l’Ademe et donnent lieu à 40 % de taux d’aide sur les travaux forestiers dont les travaux de reboisement. Sur le plan local, FA3R, un fonds d’aide à la reconstitution de la ressource résineuse a été instauré en 2012, à l’initiative des organismes de la forêt privée, des interprofessions régionales Fibois Alsace et Gipeblor et des professionnels de la filière bois, pour encourager les propriétaires forestiers privés du massif vosgien à reboiser leurs parcelles. Dans l’Ain, le fonds local de replantation, porté par les collectivités locales, le conseil départemental et le groupement des exploitants forestiers et scieurs de l’Ain, présidé par Cyrille Ducret, s’inscrit dans le dispositif « construire une ressource locale pour l’avenir ». Il consiste en l’apport d’aides financières aux propriétaires forestiers privés et publics pour le reboisement et l’amélioration des peuplements forestiers. De même, le Fonds Forestier Limousin, initié par Fransylva Forestiers Privés en Limousin, et soutenu par les acteurs de la filière Forêt-Bois, se présente comme un dispositif d’aide aux forestiers pour une pérennisation de la forêt limousine.